La difficulté c’est aussi lié à la toxicité extrême de l’identitarisme. Les gens (femmes ou pas) croient beaucoup qu’ils sont ceci ou cela, et il y a eu ces dernières années une nette radicalisation sur les identités. Or il se trouve qu’en fait personne n’est ceci ou cela tout le temps, ou partout. C’est très contextuel et changeant. Si un type est auvergnat à Paris, à New-York il est juste français. En fait on n’a même pas la même opinion sur un sujet donné en fonction du contexte dans lequel on se trouve !
Et après ça marche en retour de la même façon. Je suis toujours épaté de voir de vrais fachos dirent que l’extrême-gauche commence à Macron voire plus à droite, et à gauche certains font jusqu’à placer Montebourg ou Roussel dans les fachos – mais si tout le monde est facho, alors plus personne ne l’est et les mots n’ont plus de sens.
C’est pareil avec le féminisme, ça n’est pas et ça ne peut pas être univoque, parce qu’il n’y a pas “une vraie destination” qui satisfera tout le monde. Ça me rappelle un truc que me racontait un copain chilien : les hommes étaient à fond contre la dictature, mais les femmes étaient plutôt pour. Parce qu’avec la dictature, les hommes rentraient tôt, traînaient pas dans les discussions politiques au bar, n’allaient pas se bagarrer avec les fascistes.
Concernant le voile musulman, ça n’est pas que “l’état”. On ne peut pas tout lire systématiquement comme une oppression, ça n’est pas opérant. Il y a bien eu un effort constant des islamistes pour bâcher leurs femmes, il y a bien eu les années noires en Algérie, il y a toujours le financement continu de l’Islam en Europe par les monarchies les plus rétrogrades et fascistes, et en même temps il y a un refoulé colonial pas géré en France, et il y a aussi un rejet très majoritaire en France de toute différentiation, qui est en grande partie lié à une très forte aspiration à l’égalité (c’est montré dans différentes études sociologiques et anthropologiques). Bref c’est compliqué. Ça n’est ni “toutes des islamistes” ni “toutes des pauvres victimes opprimées soumises au racisme”.
Oui et comme je disais la société c’est 50% d’hommes et 50% de femmes. Mohammed Merah s’est radicalisé aussi au contact de sa mère qui n’a jamais dévié de ses opinions radicales et obscurantistes. Ce n’est pas parce que les hommes sont les principaux bénéficiaires du patriarcat qu’ils en sont les seuls producteurs. Tout ça est vieux comme la “servitude volontaire” de la Boétie.