Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (Crem, Université de Lorraine).
Sinon, pour de la philosophie sérieuse sur l’IA et tout ce qui la distingue de l’être humain, lire Alban Levau-Vallier…
Sa thèse “Intelligence et intuition” en accès libre : https://hal.science/tel-04015572
Ou bien son livre “IA : l’intuition et la création à l’épreuve des algorithmes” : https://www.champ-vallon.com/ia/
Ça me rappelle cette scène observée en 2015 sur le campus du Saulcy à Metz, peu de temps après l’assouplissement de la loi Evin. Les alcools forts s’affichaient alors sans vergogne sur les lieux de passage des étudiants.
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Pascal Robert et moi étions revenus sur la fameuse “lettre pour une pause” signée par des milliers d’experts autoproclamés de l’IA :
Le fait de jouer à se faire peur est un marqueur ancien des discours autour de l’informatique (l’article en présente 6 autres). Consciemment ou non, ceux qui agitent ces peurs fantasmées cherchent à nous persuader de la puissance de la technique. Comme ils se présentent en experts, c’est une manière pour eux d’asseoir leur pouvoir. Derrière ce discours trompeur, le “progrès” peut se poursuivre sans s’embarrasser de débat public sur les choix techniques et sur leur mise en œuvre.
Je parle sciemment de “technique” et pas de “technologie”. Car la technologie recouvre l’étude des outils et des techniques, et donc l’ensemble des connaissances à leur sujet. Or les chantres de “l’innovation technologique” se bornent à la connaissance technique pure (c’est ce qu’ils appellent “progrès”), en omettant les contextes sociaux, politiques, écologiques et économiques avec lesquels elle interagit.
L’IA, ce ne sont pas que des machines et des logiciels. C’est aussi toute une infrastructure de datacenters, de câblages, de production d’énergie… Et derrière, ce sont des mâles blancs privilégiés qui développent les techniques, avec d’autres cols blancs qui les font tourner. Mais surtout une armada de travailleurs du clics qui annotent les données pour quelques $ la journée. Et bien sûr toutes celles et ceux qui produisent ces données et qui n’ont pas voix au chapitre quant à l’utilisation qui en est faite.
Ce qui pourrait être un grand projet d’intelligence collective (mettre en commun l’intelligence de chacune et chacun pour réaliser des tâches impossibles à l’échelle individuelle) est une vulgaire entreprise d’enrichissement privé avec des conséquences bien réelles sur l’équilibre de nos sociétés.
Il s’avère que nous sommes contraints par la technologie de Startin’blox, dans l’immédiat ce n’est pas si trivial à résoudre. Mais merci pour cette remarque !
Merci, ça fait chaud au cœur :-)
Merci pour la découverte !
J’utilisais Invoke AI, très touffu et mes derniers essais se sont révélés trèèès longs.
J’ai testé Fooocus et c’est vraiment performant. En tous cas avec une Geforce 3060 avec 12Gb de VRAM dans un boitier eGPU. Les Lora et autres checkpoints sont très simples à installer à chaud, pas besoin de relancer le bouzin.
Merci pour l’info !
Effectivement, c’est sans doute une des raisons pour lesquelles je me sens mieux sur Reddit/Lemmy que sur Twitter/Mastodon. Avec le fait que le profil de l’utilisateur et sa notoriété a assez peu d’importance.
Reste que l’utilisateur est abonné à tout, tandis qu’avec Needle l’instance applique un “filtre” qui permet à l’utilisateur d’être abonné à ce qu’il croise mais pas au reste. Avec la fédération, une instance pourrait appliquer un comportement différent et distordre l’expérience d’ensemble. L’interropérabilité avec d’autres interfaces du Fediverse ne serait pas nécessairement vertueuse.
C’est un vrai point de questionnement.
Nous nous sommes tournés vers l’implémentation de [Solid](https://fr.wikipedia.org/wiki/Solid_(projet_de_web_décentralisé) par Startin’blox. Pas de compatibilité avec ActivityPub en l’état actuel.
ActivityPub est un protocole conçu dans une approche très traditionnelle, héritée des réseaux sociaux tels que nous les connaissons. N’importe qui peut s’abonner à mes publications du moment qu’il en connait l’adresse… Et il faudrait être abonné à tout le monde sur toutes les instances pour permettre la découverte sur l’ensemble du réseau.
Or, avec Needle, le principe fondateur repose sur le croisement : je découvre et j’ai accès à des publications lorsque celles-ci croisent les miennes. Pour cela, il faut pouvoir interroger la totalité des publications toutes instances confondues. C’est ce qui permet de découvrir des sources auxquelles on n’aurait pas eu accès autrement. C’est aussi ce qui permet de ne pas être mu par une quête d’audience : le fil n’est pas public, ce n’est pas un profil, d’ailleurs il est anonymisé. La motivation à contribuer repose sur le fait de pouvoir croiser d’autres personnes / découvrir des contenus intéressants. Si l’on veut croiser des personnes qui partagent des contenus intéressants, mieux vaut limiter son propre Fil à des contenus intéressants.
Je ne suis pas certain que cela soit compatible avec ActivityPub. Ce qui pourrait l’être, ce sont les publications des Carnets. Au même titre qu’on peut s’abonner à leur flux RSS, un abonnement ActivityPub pourrait être envisagé. Mais ça me semble un peu pauvre comme approche.
A moins que je n’aie manqué quelque chose. Je serais ravi qu’un spécialiste d’Activity Pub nous aide à trouver une manière pertinente de rejoindre le Fediverse.
La prophétie autoréalisatrice tourne à plein régime parmi les déçus de Twitter.
D’après ce que je saisis (je n’y suis pas), l’accès à Bluesky sur invitation favorise l’arrivée de gens issues des secteurs traditionnellement déjà présents sur Twitter qui se partagent les invits : ils retrouvent leur entre-soi. Tandis que sur Mastodon, l’accueil a été plus rude : les libristes et les informaticiens n’ont semble-t-il pas toujours montré beaucoup d’enthousiasme devant l’arrivée de transfuges de Twitter.
Oui, c’est très intéressant d’offrir aux utilisateurs des “leviers” pour composer eux-mêmes leurs recommandations plutôt que de “subir” un algorithme conçu pour maximiser les indicateurs que valorise la plateforme.
Ce qui me donne l’occasion de souligner que les illustrations sont extraites de l’excellente série transmédia Mediaentity disponible en ligne ici : https://www.mediaentity.net/
J’ai une affection particulière pour ce récit, pour y avoir consacré une partie de mes travaux de thèse il y a une dizaine d’années. C’est un récit de SF qui est encore très très actuel, sur l’IA, les fake news, notre relation à la technologie… Un petit bijou !
Merci pour tes encouragements ! Promis, je ferai un post sur Needle prochainement.
L’objectif est assez généraliste, je veux éviter que Needle reste confiné à une niche d’universitaires par exemple. On peut aussi bien se croiser parce qu’on partage des liens vers des papiers scientifiques, des articles sur l’actu, que son dernier coup de cœur ciné, lecture ou jeu de société.
Il existe déjà un outil d’annotation très complet pour interagir autour d’un texte : https://web.hypothes.is/ Je trouve cela excellent, mais je ne l’utilise pas parce que c’est trop “exigeant”. Avec Needle, on est bien plus light, et donc plus inclusif. Au final, c’est complémentaire.
Je ne connaissais pas YesWiki. Le concept est top ! Ou peut-on trouver ton site ?
Je pense aussi qu’il y a une complémentarité possible. Needle est très proche d’un wiki dans son principe, à la différence que les contributions sont des liens - tandis qu’un Wiki est fait pour accueillir du contenu. Au final, Needle permettrait à une communauté réunie par un Wiki de mettre en partage des liens issus du Wiki mais aussi d’ailleurs afin de nourrir les interactions.
Tout cela reste à défricher !
Disclaimer : depuis quelques mois, je suis président-fondateur d’une start-up tournée vers la valorisation de Needle. Lorsqu’on n’est pas dev soi-même, difficile d’initier et faire vivre un projet libre. En tous cas, je n’ai pas trouvé comment faire. Et puis dans le milieu académique, les financements accessibles sont très très orientés vers la création d’activité économique. Ça peut être rédhibitoire pour certaines puristes. Pour ma part j’avance avec pragmatisme : ma priorité est de diffuser mon invention, parce que je suis convaincu que c’est une fonction qui manque au web d’aujourd’hui.
Je me souviens encore de ce billet du Framablog, merci de le réactiver :-)
J’ai tendance à trouver dommage que le Fediverse s’organise autour d’applications qui reproduisent les fonctionnalités des services que l’on critique. D’un autre côté, il faut peut être en passer par là pour commencer à imaginer autre-chose ?
La métaphore du tabagisme passif me paraît très juste. Si l’on va dans ce sens, quand bien même on produirait du tabac bio et éthique, fumer resterait hautement cancérigène. A mon sens, on peut bien rendre open source et distribués nos réseaux sociaux, leurs fonctionnalités continueront de focaliser notre attention sur des anecdotes immédiates, dans des bulles de filtre et sur nos petits nombrils. C’est un problème qui va au delà de la ligne éditoriale.
J’apprécie tout de même Lemmy, parce que Reddit n’est pas fonctionnellement aussi délétère que Twitter (dont s’inspire Mastodon). La place des votes reste problématique. Lorsque le volume d’information échangé augmente, il faut trouver des manières de la hiérarchiser. Si ce n’est pas par les votes, reste à trouver comment.
Toutes ces questions me taraudent quotidiennement, puisque depuis quelques années, je porte le projet d’une technologie alternative pour partager du contenu en ligne : https://needle.univ-lorraine.fr (tu peux tester, la beta a ouvert il y a moins de 15 jours). Avec une approche très différente de ce que l’on connaît, l’avantage est que cela se révèle assez complémentaire en pratique puisque Needle met l’accent sur le temps long. En revanche, la volonté initiale d’être distribué complique sérieusement les développements tant les technologies sont encore jeunes… Et tant elles sont pensées avec le modèle des réseaux sociaux hérité de Facebook, Twitter et compagnie.
Le titre traduit bien mal les informations fournies par l’article dont le contenu montre bien que l’affirmation portée par son titre ne repose que sur les menaces d’une armée mexicaine de chefs de file de centre-droit qui ne représentent qu’eux même. Bon nombre des députés qui constituent leurs troupes clairsemées ne siégeraient pas sans les voix de l’électorat NFP. Ils représentent tout ce que les électeurs ont voulu brocarder au point de se jeter plus nombreux que jamais dans les bras de l’extrême-droite.